Généalogie et ADN

L’acide désoxyribonucléique, ou ADN, renferme l’ensemble des informations nécessaires au développement et au fonctionnement d’un organisme vivant. Chaque ADN est unique et est transmis à la descendance. Il renferme les éléments héréditaires qui permettent de dire avec une quasi certitude que telle personne est bien la descendante de telle autre. C’est donc un outil exceptionnel pour la généalogie.

Petit rappel de génétique

L’être humain possède 23 paires de chromosomes qui ressemblent tous à un X, à une exception près. Contrairement à la femme, l’homme en possède une paire qui est composée d’un X et d’un autre ressemblant plutôt à un Y.

Lors de la fécondation, le futur enfant reçoit, de son père et de sa mère, au hasard, un représentant de chaque paire de chromosomes. S’il reçoit le chromosome Y de son père, ce sera un garçon, sinon naîtra une fille.

La génétique nous apprend donc que les hommes transmettent tel quel leur chromosome Y à leurs fils, tout comme ils transmettent leur nom en généalogie.

C’est une nouvelle façon de rechercher ses ancêtres, fondée non plus uniquement sur les registres d’état civil, mais sur l’analyse de l’ADN.

Les gènes humains sont pratiquement identiques d’un individu à un autre, à l’exception des variations responsables de nos différences individuelles (couleur des yeux et de la peau, forme du menton ou du nez, etc.) qui ne représentent que 1 % seulement du génome.

Mais il existe aussi des régions « non codantes » de l’ADN, qui ne correspondent à aucun gène ni à aucune fonction connue. Là, se produisent des mutations qui se transmettent d’autant plus facilement qu’elles n’ont aucune incidence médicale et qu’elles échappent aux remaniements chromosomiques qui se produisent au moment de la fécondation, entre les gènes du père et ceux de la mère. Ces marqueurs constituent des signatures uniques, comparables aux empreintes digitales, qui se passent, telles quelles, de génération en génération. Deux personnes dont le génome porte le même signe distinctif ont donc forcément un ancêtre commun.

Les biologistes qui cherchent à reconstituer les arbres généalogiques, s’intéressent particulièrement aux marqueurs situés sur le chromosome Y (celui de la masculinité), qui se transmettent exclusivement de père en fils, et à ceux situés sur les gènes des mitochondries, ces organismes microscopiques qui fournissent l’énergie à la cellule, et qui se transmettent par les femmes.

Analyse d’origine

Un échantillon de salive suffit pour déterminer l’origine, soit du côté maternel, soit du côté paternel.

Grâce à la banque de données de tous les pays du monde (actuellement plus de 200’000 personnes répertoriées), on peut déterminer les correspondances génétiques et trouver son haplogroupe.

On peut représenter les haplogroupes comme des grandes branches de l’arbre généalogique de l’Homo Sapiens, dont les haplotypes en seraient les feuilles. Selon le haplogroupe, on découvre la région dont on est originaire.

La comparaison de l’ADN des divers groupes de population, permet de se faire une idée de quand et où ces groupes se sont déplacés autour de la terre, lors des migrations de population.

Intérêt pour la recherche généalogique

Depuis plusieurs années déjà, ces analyses se sont développées, surtout dans les pays anglo-saxons, car les données d’état civil faisaient souvent défaut ou n’allaient pas suffisamment loin dans le temps, ce qui n’était pas toujours le cas en France. Un obstacle majeur était le fait que, depuis les années 1990, la France considère qu’un test ADN pour la recherche de paternité est répréhensible du point de vue bioéthique, si cette recherche se fait à l’insu de l’épouse. La législation adoptée punit les contrevenants, jusqu’à un an d’emprisonnement et une amende de 15’000 euros. De toute manière, ces tests n’ont aucune valeur auprès des tribunaux s’ils n’ont pas été demandés par un juge.

Pour l’administration française, prévaut la règle selon laquelle le mari de la femme est toujours le père des enfants qui sont nés durant leur liaison. Cela n’empêche pas aujourd’hui les Français d’être les « champions d’Europe des tests de paternité » (on estime à environ 30’000 le nombre annuel des demandes), s’adressant à des instituts de recherche en Espagne, États-Unis et Suisse, pour ne nommer que les principaux, où ces analyses sont parfaitement légales.

Un test de l’ADN peut déterminer non seulement l’origine génétique des divers groupes de population, mais aussi compléter la recherche généalogique traditionnelle en permettant de trouver des « cousins génétiques », c’est-à-dire des personnes ayant des ancêtres communs.